Vètyè n se lò n, douvan je listwa.
La guerre qui a abouti à l’indépendance de la première république noire du monde, Haïti, s’est étendue sur plusieurs décennies. Jean-Jacques Dessalines, qui a proclamé la dite victoire le 1er janvier 1804, fut un homme qui a su intelligemment profiter d’un héritage très honorable laissé par Toussaint Louverture à la tête de cette lutte pour l’acquisition de la première libération d’un peuple noir en Amériques.
La bataille de Vertières a eu lieu dans la banlieue nord de Saint-Domingue, nom de l’Haïti sous le joug de l’esclavage, à proximité de l’actuelle commune de Limbé.
Sous une pluie battante, mêlant la boue au sang des combattants de liberté que représentaient les soldats de l’armée indigène de Dessalines, le 18 novembre 1803.
L’esclavage, une tâche de honte
L’exploitation de l’homme par l’homme n’est pas un phénomène dont seuls les Noirs ont pu souffrir à travers l’histoire. D’ailleurs, les vainqueurs de 1804 sont les descendants immédiats de ceux qui ont traversé l’Atlantique de force, pour remplacer les Amérindiens, qui ont eux-mêmes subi un génocide à cause de la honteuse pratique de l’esclavage. Il serait donc pertinent de souligner que l’esclavage est une pratique (certes aussi vieille que l’histoire humaine), mais qu’elle a atteint son sommet au cours des 400 ans, où elle s’était associée quasi exclusivement à une catégorie d’hommes, en l’occurrence ceux à la peau noire.
C’est précisément à ce niveau que la journée du 18 novembre 1803 fut celle d’un triomphe à la hauteur de l’ensemble de l’humanité. Ce jour fusionné par l’exploit des héros haïtiens fut un symbole de triomphe face à une honte qui, malheureusement, a su traverser le temps comme une norme. D’ailleurs, même aujourd’hui, certains ont du mal à qualifier de crime contre l’humanité cet acte déshonorant pour l’humanité.
HaïtiVertières et ses conséquences
Haïti a vu le jour à la suite d’une guerre sans merci, menée par une masse constituée d’opprimés, contre un nombre important de bourreaux bien mieux armés que ceux qui les ont dépouillés de leurs honteux exercice d’oppression. Dans cette guerre, l’intelligentsia haïtienne s’est révélée au reste du monde à travers nos héros, tels que Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et bien d’autres.
Vertières est la mère de l’indépendance haïtienne. Vertières a transcendé l’histoire des hommes pour parvenir à notre monde d’aujourd’hui. Par exemple, il y a un bout de Vertières dans le fait que Barack Obama ait pu se présenter à la présidence des États-Unis en 2007. Le rêve d’égalité et de liberté du pasteur évangélique noir américain, Martin Luther King, n’est qu’une profonde suite dans la logique de Vertières. Vertières a sa place au fond de tous les livres glorieux. Car il y a un bout de Vertières dans chaque opprimé qui se lève pour faire face à une voix qui opprime dans la férocité des gestes mal prononcés.
Vertières est un cas qui a historiquement su comment défier une pluie de honte étendue en tâche morbide dans le dos de l’histoire humaine. Vertières est la plus somptueuse réponse qui a été donnée contre le symbole de l’inhumanité la plus complète, référence faite à la célèbre porte de non-Retour de Gorée, dressée contre toute une race d’hommes, tout un pan de l’humanité, au Sénégal.
Importance pour le monde d’aujourd’hui
Le monde donne toujours l’impression qu’il est sous la domination des idées des suprématismes blancs qui ont rendu possible la barbarie de l’esclavage, attestant la spécificité et la soi-disant supériorité qui en découle, d’une race sur une autre sur la base de la couleur de la peau. Idée qui d’ailleurs a déjà été démentie par un minimum de savoir scientifique depuis le siècle dernier. Dans un monde constitué de conflits en tout genre, parfois latents ou fiévreusement ouverts. Un monde où les plus opprimés ont souvent besoin de modèles de motivation, pour pouvoir s’armer de courage et affronter jusqu’à vaincre leurs bourreaux. Vertières se positionne comme une réelle flamme. Car les vainqueurs à Vertières ne furent pas les mieux armés, mais plutôt ceux qui se battaient avec hargne, corps et âme, à fond dans une logique de justice universelle, pour nouvelle destinée fièrement apparue par devant les yeux de cette époque noircie.
Vertières reste et demeure ce symbole rendant possible tout ultime combat en faveur du triomphe de la cause la plus juste : la cause humaine, notre cause.