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Anténor Firmin, le génie du 19e siècle haïtienAnténor Firmin
Anténor Firmin, le génie du 19e siècle haïtien
Anténor Firmin
  • September 10, 2024
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Anténor Firmin, le génie du 19e siècle haïtien

Joseph-Auguste Anténor Firmin est né le 28 octobre 1850 à Cap-Haïtien, dans une Haïti fraîchement émancipée du joug colonial, il est mort 19 septembre 1911 à 60 ans en exil. Il est sans conteste l’une des figures intellectuelles les plus emblématiques de son époque. Sa vie, marquée par un parcours exceptionnel dans les domaines politique, littéraire et diplomatique, illustre le génie d’un intellectuel haïtien dont les contributions ont laissé une empreinte indélébile sur l’histoire.

Une Jeunesse à Cap-Haïtien

Firmin a grandi à Cap-Haïtien, au sein de la ville du très celèbre roi Henry Christophe, originaire d’une famille modeste, il effectua ses études au lycée Phillippe Guerrier et devient profésseur à seulement 17 ans. Son esprit curieux et critique ont su annimé sa jeunesse, et l’on conduit à s’impliquer dans la vie de sa ville natale. Sa capacité à jongler avec différentes tâches et à s’impliquer dans divers aspects de la vie publique, le marque comme un "homme à tout faire".

Firmin l’homme à tout faire

Firmin est reconnu pour son apport exceptionnel dans plusieurs domaines de la vie nationale haïtienne . En politique, il a combattu pour la stabilisation et la modernisation d’Haïti au cours des turbulences du 19e siècle. Il se distingue également comme un fervent défenseur des droits de l’homme et de l’égalité raciale. Sa contribution la plus notable à ce sujet est sans doute son ouvrage "De l’égalité des races humaines" (1885), un texte fondamental qui remet en question les théories racistes de l’époque. Ce livre est une déclaration audacieuse affirmant l’égalité fondamentale entre toutes les races et représente un acte courageux contre les préjugés raciaux persistants de son époque et de celles d’avants.

L’affrontement avec Gobineau

Anténor Firmin n’hésite pas à affronter des figures racistes influentes comme Joseph Arthur de Gobineau, dont les théories sur la hiérarchie raciale étaient largement acceptées. Dans son ouvrage, Firmin démontre que les préjugés raciaux ne reposent sur aucune base scientifique mais sont des constructions sociales injustes. Cet affrontement intellectuel est non seulement un combat pour la vérité scientifique mais aussi un acte de résistance pour la dignité et l’égalité des Noirs.

Un échec politique, les Défis de la Gouvernance

Firmin reunit toutes les conditions necessaires pour conduire une gouvernance efficace, pour sortir haïti du chaos dans lequel il était plongée depuis l’assassinat de Jean jacques Dessalines en 1806. Malheureusement pour lui, et pour la nation haïtienne, la vie de tout illustre homme est caractérisée par des exploits, accompagnés de leur part d’échec. Malgré ses réalisations au combien significatives, Firmin a dû faire face à des défis importants dans sa carrière politique.

Plusieurs échecs électoraux dont l’un face à Nord Alexis, le fameux "Tonton nò" (vieil homme ignare) traduisent à quel point, l’esprit brillant de cet homme à su se heurté face au défis que représente le monde politique haïtien.Et en tant que ministre et homme politique, il a rencontré des obstacles majeurs dans ses tentatives de réforme et de modernisation. Ses efforts pour établir un gouvernement stable, combattre la corruption (grand ennemi du développement national) et promouvoir le progrès sont souvent contrecarrés par des conflits internes, supportés à l’international et une résistance politique significative.

Dans la lignée de Dessalines

Anténor Firmin, à bien des égards, s’inscrit dans la poursuite de Jean-Jacques Dessalines, père de la nation haïtienne. Là où Dessalines a joué un rôle crucial dans l’indépendance d’Haïti, Firmin a contribué dans l’affirmation intellectuelle et politique du pays à travers le monde. Les deux hommes incarnent un esprit de résistance et une aspiration à une société plus juste. Leur héritage continue d’inspirer les générations futures, en Haïti et au-delà.

Pitié ou l’œuvre d’une vieille âme écrasée sous le poids d’une existence au goût d’absinthe

Le vocable crise charrie une infinité de sens. Nulle intention de les révéler tous cet après-midi. Toutefois, quelques précisions s’imposent. Une gamine dont les parents ne disposent pas de fonds suffisants à Noël pour lui acheter une poupée de la petite Sirène noire pique une crise et s’enferme dans sa chambre à double tour sans toucher à ses repas de la journée. Un garçon dont le chien a été empoisonné subitement par un voisin pour se venger ou abattu ayant contracté la rage, perdant du jour au lendemain un ami fidèle, entre en crise. Pour finir une société en proie à toutes sortes de mutations et dont les dirigeants sont veules, peut-être prolongée dans une profonde crise. Dans le premier cas, la jeune fille boude pour attirer l’attention de ses parents afin de se sentir apprécier des enfants de son âge à l’école ou dans le voisinage. Aujourd’hui, une trentaine de minutes de négociations peuvent suffire pour y dégager une solution durable. De mon temps, quelques coups de ceinture bien sentis aurait eu raison de ce caprice. Mais, l’humanité évolue, dit-on. Dans le deuxième cas, ce garçon peut retrouver le sourire au bout de quelques semaines. Il lui faut un peu d’attention et, sans doute un autre chien. Comme dirait Stendhal, seule la passion triomphe de la passion. Dans le dernier cas, cette société dirigée par des ineptes est secouée dans ses assises profondes. Ses institutions peuvent une à une se déliter. Les forces vives se dissoudre en un rien de temps. Cette situation crée un tsunami sociétal qui détruit toute vie au sein de cette collectivité. C’est effectivement une crise. La crise de ce point de vue constitue une situation alarmante, désespérée dans l’existence d’une communauté où rien ne va. Le chaos y règne en maître. L’essence même de la vie disparaît. L’individu peut prendre le pas sur la collectivité. Chacun tentant de résoudre ses problèmes sans se soucier d’autrui. Le voisin le plus proche est relégué à des années lumières de soi. Comment se tourner vers la création? Comment continuer à concevoir l’altérité? Comment l’artiste peut s’imprégner de ce grand désarroi collectif comme source de motivations? Voilà les questions auxquelles je dois répondre. Un artiste voit et sent ce que le commun des mortels ne peut même pas imaginer dans une vie de mille ans. Il crée pour dénoncer, quand sa conscience d’être humain est révoltée. Il exalte les héros ou la patrie selon son ressenti. Il chante la beauté d’une femme irrésistible, envoûtante ou mochement resplendissante. Il peut aussi se servir de la désolation ambiante pour donner un sens à la vie. Créer en littérature comme dans les arts en général ne dépend pas de la conjoncture. L’acte de création est fonction des dispositions du créateur. Les événements tétanisent certains et galvanisent d’autres. Créer est jouissif. Chacun jouit donc selon sa fantaisie. Écrire ouvre la voie au changement. L’écrivain jette un regard différent sur le monde. En s’incrustant dans le réel il l’enjolive, le rend meilleur ou hideux selon le message qu’il entend partager. Tout compte fait, avec lui la vie n’est jamais figée. Écrire c’est mettre le monde dans un bocal pour y parcourir l’univers. L’artiste couve son œuvre par tous les temps. Oswald Durand métait en joie d’apercevoir le beau corps de Choucoune de son observatoire secret. Musset par contre dans la douleur rédigeait sa nuit d’octobre. Quant à Dany Laferrière, en exil, il décrivit les horreurs de la dictature duvaliériste et l’insouciance des jeunes filles de son quartier dans ce monde violent et dangereux. En définitive, l’écrivain vit dans une société avec des valeurs qu’il partage ou non. Elles conditionnent son existence ou n’ont aucune prise sur lui. À bien des égards, le monde ambiant lui sert de laboratoire. Il y réalise ses expérimentations. Il jette sur le monde un regard neuf, usé, désabusé, mélancolique, violent, plein d’aigreur selon son humeur. Pitié est l’œuvre d’une vieille âme écrasée sous le poids d’une existence au goût d’absinthe. Le jeune Mike Bernard Michel vit d’expédients et de mensonges. Les mains de la vie s’abattent sur lui avec une violence indescriptible. Le malheur l’étreint dans ses bras jour et nuit. Faut-il pour autant baisser les bras ? Musset aimait à dire : « l’homme est un apprenti, la douleur est son maitre. Et nul ne se connait tant qu’il n’a pas souffert. » L’artiste doit produire sous tous les cieux. Telle est sa vocation. Les incompétents au pouvoir, les bandits légaux ou de grands-chemins, la cherté de la vie, le chômage, les chagrins d’amour sont autant de sujets de préoccupations pour lui. S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreilles, toujours est-il qu’il garde le cerveau en éveil. Que dis-je, il le stimule au point de créer des œuvres intemporelles. Monsieur Pitié vous avez un bel avenir devant vous. Oeuvre de Jean Rony Charles, le livre est disponible chez les Éditions Repérage.

Une Carrière Diplomatique et Politique

Antenor firmin prévoyait dejà le 20 siècle mouvementé auquel allait devoir faire face et l’élite haïtienne et sa masse populaire. en effet, il prédisait une intervention des américains en haïti dès decenies avant 1915, de fait, qui eut lieu. Dans son ouvrage l’effort dans le mal, il eut a déclaré ce qui suit: « Homme, je puis disparaître, sans voir poindre à l’horizon national l’aurore d’un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattu. Car, au xxe siècle, et dans l’hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l’injustice, l’ignorance et la misère »

L’exilé

L’éxil est un sujet présent chez la casi totalité des grands esprits haïtiens. Firmin malgré la grandeur de son exprit, n’a pas su faire exception à cette règle, mais en a profité pour se former, et se forger une solide réputation intellectuelle au benefice d’haïti. En 1883, il a été envoyé comme représentant d’Haïti aux fêtes du centenaire de Simón Bolívar. Il refuse un poste ministériel sous la présidence de Lysius Félicité Salomon, et s’exile à Saint-Thomas puis à Paris. En France, il rencontre Louis-Joseph Janvier et devient membre de la Société d’anthropologie de Paris en 1884 à ses coté. Sa carrière diplomatique prend un tournant en 1889 lorsqu’il est nommé ministre des Finances et des Relations extérieures sous le président Florvil Hyppolite, bien qu’il quitte ce poste en 1891 pour se réinstaller en France. En 1900, il est nommé ambassadeur d’Haïti en France, consolidant ainsi son rôle de représentant international d’haïti.

La ligue Antillane et l’Antillanisme.

En 1910, Firmin publie "Lettres de Saint-Thomas", dans lequel il explore l’idée d’une "Ligue antilienne". Ce concept s’inscrit dans le cadre de l’antillanisme, un mouvement politique visant à créer une fédération des îles antillaises pour se défendre contre le colonialisme espagnol et l’impérialisme américain. Grand Ami de José Marti, Firmin, à travers ses écrits et ses actions, cherche à promouvoir une solidarité régionale face aux défis extérieurs.

En somme, Anténor Firmin est une figure Centrale du monde intellectuel haïtien, dont la contribution transcende les frontières de la politique, de la littérature et de la diplomatie. Son engagement en faveur de l’égalité raciale, son courage face à l’opposition et son immense héritage intellectuel témoignent de sa place unique dans l’histoire haïtienne et tous les autres noirs du monde. Le génie de Firmin réside dans sa capacité à allier profondes convictions et compétences diverses pour lutter contre l’injustice et promouvoir une vision plus équitable du monde. Firmin demeura, à travers ses idées, un esprit debout face à toutes formes d’injustice raciale.

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À propos de l'auteur
Moise Francois

Journaliste rédacteur, poète et apprenti juriste.

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